MON ÂME EN TOI SE REPOSE

Ariana Keating

(Gravure de l’époque « Naufrage du Ville du Havre », 21 novembre 1873)


Un jour ou l’autre, il nous arrive à tous d’être accablés par la perte d’un être cher, une profonde déception, ou un événement devant lequel nous demeurons totalement impuissant. Quand une catastrophe survient, il semble que la nature humaine soit portée à réagir négativement. Nous regardons le nuage qui jette sur nous son ombre sinistre, au lieu de voir les beaux reflets qui l’entourent de leur lumière argentée. Je suis passée par là, et j’ai découvert que si je reste enfermée sur moi-même à ces moments-là, en me réfugiant dans l’introspection, oh ! que la vie devient sombre !


Il est possible, toutefois, de rester positif, comme de nombreux hommes et femmes l’ont montré au cours de l’histoire. L’un d’eux s’appelait Horatio Spafford, auteur du célèbre cantique « Mon âme en Toi se repose » C’est l’un de mes cantiques préférés, en partie à cause de l’histoire qui lui a donné naissance.

Horatio Spafford (1828-1888) était un avocat très en vue de Chicago. Lui et sa femme Anna, qui avaient un fils et quatre filles, s’étaient liés d’amitié avec le célèbre évangéliste Dwight L.Moody et son directeur de chant et compositeur Ira Sankey.

Peu de temps avant le grand incendie de Chicago en 1871, le fils des Spafford mourut et toute la famille en fut profondément affligée. Après que le feu eût ravagé la ville, Spafford se retrouva financièrement ruiné. Il avait beaucoup investi dans l’immobilier au centre-ville, et tous ses biens étaient partis en fumée.

Deux ans plus tard, il décida d’emmener sa famille en Angleterre. Ce serait pour eux l’occasion de prendre des vacances, et de seconder Moody et Sankey qui s’apprêtaient à faire une campagne pour le renouveau de la foi. Spafford réserva des billets pour lui-même et sa famille sur le vapeur Le Ville du Havre, mais à la dernière minute, fut retenu par ses affaires. Il laissa donc partir Anna et leurs quatre filles, et promit de les rejoindre bientôt.

Or, au milieu de l’Atlantique, le Ville du Havre fut percuté par un voilier britannique et coula en l’espace de douze minutes. Anna, qui avait pu s’accrocher à des débris du navire, fut secourue, mais leur filles, Tanetta, Maggie, Annie et Bessie furent au nombre des 226 victimes qui perdirent la vie ce jour-là. En arrivant à Wales, elle envoya à son mari un message télégraphié, qui commençait par ces mots : « Sauvée seule. »

Spafford décida de prendre le prochain bateau pour l’Angleterre. Au moment où le navire atteignait l’endroit où ses filles avaient trouvé la mort, les paroles d’un chant commencèrent à lui venir à l’esprit. Il quitta le pont et se réfugia dans sa cabine, où, dans les larmes, il écrivit les paroles d’un cantique qui, depuis, n’a cessé d’être un baume de réconfort pour d’innombrables cœurs désespérés. Chaque fois que je l’entends, il me rappelle l’exemple de foi et de confiance que cet homme a donné en face d’une perte inexprimable. Et je ne peux m’empêcher d’avoir honte de moi-même pour toutes les fois où je me suis lamentée sur mes malheurs, qui n’étaient rien en comparaison du sien. Alors, avec lui je proclame :


Quand la paix, telle une rivière, inonde mon cœur,

Ou quand les chagrins mugissent comme les flots de la mer,

Quoi qu’il m’advienne, Tu m’as appris à dire :

Tout va bien, mon âme en Toi se repose.


(Refrain :)

Tout va bien, mon âme en Toi se repose,

Tout va bien, mon âme en Toi se repose.


Quand Satan me frapperait,

Quand les épreuves mugiraient,

Que soient miennes cette assurance et cette foi :

Christ a regardé ma faiblesse,

Il a fait couler Son sang pour moi.


Mon péché, oh quelle heureuse pensée !

Mon péché, mon péché tout entier

A été cloué sur la croix,

Je n’en porte plus le poids.

Loue le Seigneur, ô mon âme, loue le Seigneur.


Alors pour moi, que le Christ soit ma vie !

Que le Christ soit ma vie !

Si au-dessus de moi grondent les eaux du Jourdain,

Je n’en serai point alarmé.

Car, dans la mort comme dans la vie,

Tu souffleras à mon âme des paroles de paix.


Et Seigneur, hâte-toi de faire venir le jour

Où ma foi verra comme en plein jour,

Où les nuages disparaîtront comme un rouleau qui s’enroule,

Où la trompette retentira et que Tu reviendras.

Alors, tout va bien, mon âme en Toi se repose.


« La Terre n’a point de chagrin que le Ciel ne saurait guérir. » Thomas Moore

(Traduit de l’anglais)